Le YOYO*, atterri sur un arbre, près du mur de la prison de la Santé,
le 06 08 2021, m'a fait penser aux écrits de prison d'Albertine SARRAZIN,
pour laquelle j'avais réalisé un Manteau de mémoire, en 2003
Sur un yoyo*, j'ai transcrit, au crayon feutre rouge, quelques extraits des nombreux textes relatifs au textile dans "LA CAVALE" d' Albertine SARRAZIN,
écrivain et détenue célèbre, dans les années 1960.
"On se contente de me présenter à bout de bras, deux robes de bure, mes chevilles y disparaissent."
"Mon premier troc m'a fait un peu mal au coeur : c'était le cardigan que je portais la nuit de l'accident, presque mon linceul."
"Et que faire en prison, sinon se souvenir et broder ? Tout le monde brode en prison, sur des napperons ou sur des souvenirs. J'ai le devoir d'écrire... !"
"Le vêtement pénal va m'engoncer en des trames rigides, s'imposer tenue de rigueur; et quand je me déshabillerai, le soir, le droguet gardera mes formes, élimé à la poitrine et aux fesses, étranglé à la taille en gros plis froissés.
"[...] MA robe droguet, pour laquelle, depuis que je la porte, je me prends d'affection. Attention, la tôle est dans cette robe, ne l'aime pas !"
"Notre vie et notre peine passeront, mais la robe droguet ne passera point. Le détenu n'use pas son vêtement : c'est le vêtement qui use son détenu.Tristesse de la ravaudeuse ! Je me lève pour faire connaissance avec le temple de l'Oripeau."
Albertine SARRAZIN (La Cavale, Jean-Jacques PAUVERT, 1962)
* YOYO : bandelettes de drap déchirées et nouées entre elles (pouvant atteindre 10 mètres de long).
Les détenus utilisent les "yoyos" pour se passer des messages par les fenêtres des cellules.
"Manteau de mémoire" pour Albertine SARRAZIN, dit encore LE YOYO*
Marie-France DUBROMEL, 2003
In " De l'étoffe des songes, aux Manteaux de mémoire",
Exposition personnelle, Médiathèque de Rambouillet, 2003
Echantillon, pour "le Manteau d'Albertine".
(Carnet d'échantillons, 2002)