J'ai rencontré Valéria, responsable de l'association BOBINEUSES, le 3 juin 2005, au vernissage de la Triennale internationale de TOURNAI en Belgique.
Elle préparait alors une exposition d'art contemporain, dans une bonneterie désaffectée de LEUZE-en-HAINAUT, destinée à honorer la mémoire des 1500 ouvriers et ouvrières du Textile qui, pour la plupart, avaient perdu leur emploi à la fermeture des nombreuses Bonneteries de la ville, dans les années 1990.
A son récit, l'émotion a été si forte que je ne me souviens plus de la conversation qui a suivi, mais je sais qu'à ce moment, j'ai commencé à tricoter dans ma tête une histoire avec LEUZE et les leuzois.
C'était comme si je rentrais chez moi : mon arrière grand-père paternel, belge de Bruxelles,
avait installé dans les années 1860, une filature à Roubaix. Je ne saurai jamais s'il a fourni, à
l'époque, du fil aux bonneteries de LEUZE, mais il m'a suffi d'y rêver pour me relier aux
BOBINEUSES.
A l'instar du Tricot de vécu, et du Tricot de mémoire pour HIROSHIMA, j'ai déchiré des bandes dans un vieux drap de mon trousseau et noué les bandes entre elles. J'ai ensuite écrit l'histoire relatée ci-dessus, au crayon feutre bleu, sur les bandes déchirées et inscrit mon prénom dans le bout des noeuds, puis j'ai tricoté, au point mousse, le texte que je venais d'écrire.
Pendant le vernissage et la durée de l'exposition, chaque visiteur était invité à écrire à son tour,
une histoire sur les bandes de drap blanc, à inscrire son prénom dans le bout des noeuds,
puis à tricoter ou à faire tricoter par une personne de son choix, le texte qu'il venait d'écrire.
A la fin de l'exposition, on a obtenu un tricotage de la mémoire textile leuzoise.
Les histoires tricotées ensemble ne sont pas lisibles. Seuls les prénoms inscrits dans le bout des
noeuds apparaissent, avec l'idée de NOMMER CONTRE L'OUBLI.
Le 03 septembre 2005
Le jour du vernissage de l'exposition « BOBINEUSES », de nombreux visiteurs belges, hommes et femmes, wallons et flamands, ont fait la queue pour inscrire, chacun dans sa langue respective, l'histoire de mémoire leuzoise et la mêler dans un maillage commun.
A la suite de l'exposition, le tricot de la mémoire leuzoise (concept Marie-France Dubromel) est resté à LEUZE, au siège de l'association Made in Leuze.