C'est un manteau croisé, fermé par une double rangée de trois boutons. Quelqu'un de plus maigre a déplacé le boutonnage pour le resserrer, et les traces des précédentes attaches, des nœuds de fil noir épais, subsistent à l'endroit de la couture. Un trou signale l'absence d'un bouton qui devait fermer le col, une étiquette blanche au bout d'un fil rouge pend du revers de fourrure noire. Je la soulève, rien n'y est écrit. Je déboutonne le manteau à la recherche d'une marque quelconque, le nom d'un magasin ou d'un couturier. Rien.
[…] J'ai devant moi le manteau dont Proust s'est enveloppé pendant tant d'années, celui qu'il étendait sur ses couvertures quand il écrivait La Recherche dans son lit.
[...] Sur un côté de la boîte [qui abrite le manteau], au feutre noir, en grandes capitales est écrit :
« MANTEAU DE PROUST »
Le Manteau de Proust LORENZA FOSCHINI (ed. Quai Voltaire, 2012)
Le manteau de Marcel Proust et son lit.
Paris, Musée Carnavalet