Je suis arrivé à Venise de divers horizons : du nord, par la terre ferme, du sud et de l'est, par la mer, avec ou contre le vent. Quelle que fût la saison, qu'il fit jour ou nuit, sous le soleil ou sous la pluie, Venise était toujours la même et pourtant elle était différente. Y venant pour la pemière fois, la deuxième fois et je ne sais quelle autre, j'ai compris l'avertissement d'un sage d'Orient (rencontré dans un port, peut-être Muggia, près de Trieste) : "Ne décris pas les lieux où beaucoup sont passés, quelqu'un avant toi l'a fait, peut-être mieux." Venise a été maintes fois décrite et dépeinte, par la plume et le pinceau. Elle est devenue un lieu commun. "Garde toi des lieux communs", m'avait encore conseillé le sage au moment où je prenais congé de lui. Que peut-on ajouter à cette ville, que l'Histoire ne connaisse ?
Pedrag MATVEJEVITCH (L'autre Venise FAYARD, 2004)
Dédié à AnnaLivia