"De la petite bourgeoisie.
On distingue une fille de la dernière bourgeoisie à ses rentraitures*. C'est un raccommodage de linge qui substitue à un trou un treillage qui ressemble aux toiles des araignées. Ces pauvres filles ont donc leur fichu plein de rentraitures."
Louis-Sébastien MERCIER Le tableau de Paris 1781-1788 (Paris, ed. Maspero, 1979)
* RENTRAIRE, verbe trans.
A. Coudre, joindre bord à bord (deux morceaux d'étoffe) par une couture invisible. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. Recoudre les relais d'une tapisserie de haute ou basse lisse; refaire la trame ou la chaîne d'une tapisserie endommagée (Dict. XIXe et XXe s.).
C. Refaire des portions de trame et de chaîne d'un drap, d'un tissu, lorsqu'une déchirure s'est produite lors du tissage (Dict. XIXe et XXe s.). Synon. stopper.
Prononc. et Orth.: [], (il) rentrait [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. LITTRÉ, ROB., Lar. Lang. fr.: -traire ou -trayer. Conjug. v. traire. Étymol. et Hist. 1. 1404 « rejoindre bord à bord deux morceaux d'étoffe en dissimulant la couture » rentraire aumuches (26 août, Reg. des métiers, f o 43 r o, De l'aumucherie, A. Tournai ds GDF. Compl.); 2. 1611 « refaire des portions de trame ou de chaîne lorsqu'une déchirure s'est produite dans une étoffe » (COTGR.); 3. 1690 tapiss. (FUR.); 4. 1694 « faire une reprise non apparente » (Ac.). Dér. de l'a. fr. entraire proprement « tirer », ca 1160 pronom. « s'approcher » (Enéas, 4315 ds T.-L.), qui s'est lui-même spécialisé dans la même technique dès le XIIe s. ca 1165 seie bien entraite (Troie, 16544, ibid.), du lat. intrahere « traîner, tirer »; le préf. re- s'explique par le mouvement de va-et-vient qu'on exécute avec l'aiguille (BL.-W.2-5).
DÉR. 1. Rentraiture, subst. fém. Couture faite en rentrayant. Cela est si bien rentrait qu'on ne voit pas la rentraiture (Ac.). [], [--]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1res attest. a) 1530 rentreture « couture faite en rentrayant » (PALSGR., p. 200), 1549 rentraicture (EST.), 1680 rentraiture (RICH.), b) 1960 tapiss. (Lar. encyclop.); de rentraire, suff. -ure1*. 2. Rentrayage, subst. masc. Action de rentraire; résultat de cette action. Synon. stoppage. (Dict. XIXe et XXe s.). []. Att. ds Ac. 1935. 1re attest. 1802 (FLICK); de rentraire, suff. -age*. 3. Rentrayeur, -euse, subst. Celui, celle qui rentrait. Porter un habit, un manteau au rentrayeur, à la rentrayeuse (Ac. 1798-1878). [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1res attest. a) 1470 rentraieur de tapisserie (20 déc., Act. du Parl., A.N. ds GDF. Compl.), b) 1564 « ouvrier, ouvrière qui répare les déchirures dans les étoffes » (THIERRY); de rentraire, suff. -eur2*.
BBG. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 258.
(Trésor de la Langue Française : TLF)