"Il y a dix louis d'or pour celui qui fera scavoir à Mr Duvaux correcteur des comptes qui demeure rue de la Tuanderie que le prieur de Valsecret Maillefer est enfermé dans une tour de la Bastille sans messe, sans sacrements, et dans l'estat le plus triste. Il est innocent et il faut demander des commissaires ou s'adresser à Monseigneur le chancellier qui scait son affaire ou bien à Monsieur d'Argenson qui en est chargé. Le prevost de la Coste l'a arresté et il est à craindre qu'il n'ait usé de beaucoup de surprise. L'ordre etoit du 13 janvier signé Phelippeau. Sur tout le secret. 24 mai."
Technique : Le texte de la lettre est brodé de petites croix, au fil de soie noire (fils tirés de l'écharpe du prieur emprisonné). Chaque mot est séparé par une croix. Dimensions 108 X 445 mm
Le père François de Maillefer, prieur de Valsecret, une abbaye du diocèse de Soissons, avait été accusé à tort par un autre ecclésiastique d'avoir voulu empoisonner le Roi et de pratiquer la sodomie. Il entra à la Bastille le 20 janvier 1700. Sans doute privé de plume et de papier, il tenta de communiquer avec l'extérieur, en brodant le texte de cette supplique.
Dans les archives de la BNF, une lettre accompagne cette supplique brodée, rapportant la confiscation de cette "nouvelle mode d'écrire sur du linge". Ainsi, la protestation du Père Maillefer ne servit pas à le faire libérer.
"Monseigneur, en faisant faire la visite de mes prisonniers, l'on a trouvé au père prieur de prémontré, cette ci-incluse nouvelle mode d'écrire sur du linge que je n'avais encore point vu, il s'est servi de la soie d'une écharpe noire qu'il avait apportée avec lui. Comme je le trouve un peu trop ingénieux à chercher les moyens de faire savoir qu'il est ici, je crois que vous ne trouverez pas mauvais (...) "
SUPPLIQUE : détail
SOURCES : Paris, BNF, manuscrits, Mss. fr. 8123, f. 126